SUJET : VENEZUELA Henri Pittier Morrocoy Llanos Andes

Hello

Comme je le soupçonnais le jeune ibis est un immature première année d'ibis blanc, je rectifie donc.

Merci Bruno de ta réponse quasi instantanée.

Car je ne vous ai pas dit, mais Bruno est outre un excellent photographe professionnel (photographe c'est sa profession) et guide de terrain, une véritable encyclopédie naturaliste sur pattes

Voici donc toto (les adultes sont tout blancs avec le bec, la face nue et les pattes rouges)

35- Ibis blanc (White Ibis) Eudocimus alba

Je garde de ce matin là un souvenir de foule, des oiseaux de toutes sortes à peine discernables tant il y en avait


le bruit qui allait avec (entre les vrombissements des moteurs venezueliens ) et les couleurs violentes des ibis rouges sur fond d'aigrettes blanches et d'herbe verte, en plein soleil... bonjour le choix de l'exposition

au moins cinq espèces sur celle-ci

Avez vous ramené quelques plumes rouges ???

oulàlà ! non ! c'est formellement interdit de balader des plumes d'ibis !

non pas pour cause de grippe aviaire, mais pour empêcher le trafic des plumes et protéger l'espèce. Ces plumes sont tellement belles que certains seraient tentés de se les procurer pour les revendre de la façon la plus simple, en zigouillant ces pauvres bêtes...

Cela dit, contrairement aux flamants, ils ne perdent pas tant de plumes que ça, on n'en a pratiquement pas vu par terre...

Les caracaras sont effectivement aussi nombreux que les pigeons à Paris. Ou presque... On en recense 4 espèces au Venezuela, le caracara noir (Black Caracara) scientifiquement Daptrius ater, le caracara à gorge rouge (Red-throated Caracara)savamment Ibycter americanus, le caracara du Nord (Crested Caracara) expertement Caracara cheriway, le Caracara à tête jaune (Yellow-headed Caracara) éruditement Milvago chimachima.

Nous n'avons vu que les deux dernières espèces, mais en abondance. Tellement courants, heu volant, qu'en fait nous ne les avons que peu photographiés, c'est bête, hein ?

Adoncques, les meilleures choses ayant une fin, nous partons de Morrrocoy pour notre prochaine destination, le Hato Piñero.

En voiture, Simone ! Nous nous engouffrons dans le van, et cap vers le sud ! Catherine peaufine sa permanente à coup de tête dans le toit (bien rembourré), je reste calé sur mon siège (bien rembourrés, que ce soit celui du Dodge à moteur de Hummer ou de mon mien à moi que j'ai). Une petite halte pour s'approvisionner en excellentes confiseries locales : sucre de lait au lait de chèvre, c'est bon, très bon, même si (ou parce que ?) on y sent bien la chèvre, de non moins délicieuses pâtes de fruit de bananes (platanos, quel faux ami !) et de goyave, toutes joliment enveloppées dans des feuilles de banane. Miam-miam !



Nous nous arrêtons pour déjeuner à Tinaco, manioc et maïs en pâte cuit dans sa feuille, poulet grillé, avec une sauce à l'avocat très miam, simple mais bon. Les avis diffèrent sur la cuisine vénézuélienne : le bec fin gourmet (j'ai essayé au féminin, ça fait trop bling-bling) la trouve le plus souvent médiocre, le gros bec gourmand la trouve le plus souvent très acceptable et parfois carrément excellente. Elle est peu épicée (mais il y a souvent des sauces pimentées sur la table), roborative (manioc, bananes plantain), les soupes sont présentes à presque tous les repas, haricots, pois cassés, lentilles (roboratif, j'vous dis).

Le gourmand que je suis déplore juste que les desserts ne soient pas toujours présents et que les fromages soient toujours absents. Le pain sera une denrée rare tout au long du séjour, ce qui explique sans doute la mauvaise opinion de ma blonde, qui ne saurait commencer une journée du bon pied sans quelques toasts beurrés et miellés. Pas grave, puisque les petits déjeuners sont sans beurre sinon sans reproche et que le miel est rare et erratique (sur la même table un jour oui, un jour non).

Nous atteignons le Hato Piñero vers 16h30, heureux de nous dégourdir les pattounes...

Un petit mot sur les hatos, p'tit mot que je ferai grossir dans 48 heures, faites-moi confiaaaannnnnce. Les hatos, c'est pas du gâteau à traiter, c'est un vaste programme (quand même moins que celui du Général), comme sont vastes ces propriétés, au nord on dirait des ranches, au sud des latifundia. Ce sont des exploitations agricoles, au départ, qui pratiquent une agriculture extensive, essentiellement de l'élevage, sur des dizaines de milliers d'hectares. Hato Piñero couvre ainsi 80 000 hectares, 800 km², bien plus que la plupart des parcs nationaux kenyans !



Un autre mot sur notre destination, les Llanos. C'est la région du Venezuela au sud, au pied des Andes, où se trouvent les llanos. Étonnant, non ? Les llanos sont des plaines (llano = plaine en espagnol) vastes avec un million de km² et inondables qui font partie du bassin hydrographique de l'Orénoque qui coule au sud et à l'est.

Les Llanos présentent quelques ressemblances avec le Pantanal, avec alternance d'une saison sèche et d'une saison humide, où tout ou presque est inondé, même si l'origine des inondations est différente.

Les Llanos ont leur cow-boys, comme la pampa a ses pamperos, les Llanos ont leurs llaneros qui s'occupent du bétail avec les activités typiques des cow-boys de tous pays : rassemblement pour les marquages au fer rouge, les opérations de prophylaxie vaccinale ou antiparasitaire, les mises en herbage, la conduite des troupeaux vers de nouvelles pâtures terrestres ou vers les pâturages toujours verts qui les attendent après l'abattoir. Les montures ne sont pas toujours des chevaux, les mules, plus rustiques, au pied plus sûr, sont également utilisées.

Nous sommes en février, au cœur de la saison sèche qui va de décembre à avril avec des températures chaudes (25-30 °C), peu/pas de moustiques (mais plein de garapattas, petits acariens sortes de tiques microscopiques qui affectionnent Catherine. Émouvant comme ils lui sont très attachés) et un retrait des eaux qui provoquent une concentration d'animaux dans les zones restées en eau. L'inondation annuelle dépend des cours d'eau andins affluents de l'Orénoque bioen plus que de la pluviosité locale. L'assèchement dépend directement de l'ensoleillement et en proportion inverse de l'importance de la crue.
Cette année, la sécheresse est en retard. C'est à cause de La Niña, nous apprend Bruno, courant froid du Pacifique, en quelque sorte un anti El Niño.

Quelle qu'en soit la cause, ce retard provoque une moindre affluence d'oiseaux aquatiques, moindre affluence qui ne frappe que les habitués comme Sergio et Bruno car nous sommes soufflés par la diversité et la quantité d'oiseaux que nous voyons pour certains par milliers et dizaines de milliers...

Les llanos sont exploitées depuis près de deux siècles, mais de manière extensive, sans les répercussions néfastes pour la faune de notre agriculture intensive avec ses engrais, pesticides divers, ses monocultures, sa motorisation, et j'en passe, et des pires (OGM ?). Certes la chasse y a été pratiquée sans réserve (...) mais les grandes exploitations ont compris depuis quelques dizaines d'année que l'exploitation de la nature par le tourisme était plus profitable et durable que par les pièges et le fusil. Et constituait un complément non négligeable aux revenus de l'élevage, en dollars de surcroît...


Les digues aménagées pour servir de voie de circulation en saison inondée et de gestion des eaux en saison sèche ont même eu un effet favorable sur la fréquentation par les oiseaux aquatiques...


Patience, les photos i]des piafous[/i viendront...

Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes ? Et non, n'en déplaise au bon docteur Panglosse, les hatos sont menacés de démembrement et on peut craindre qu'une parcellisation galopante, une agriculture vivrière intensive, une démographie humaine en forte expansion et le retour de la chasse et/ou du braconnage ne mettent à mal les équilibres naturels fragiles de ces zones humides. Il s'agit d'une volonté politique de redistribution des terres aux paysans. Leurs riches propriétaires sont souvent absents et peu motivés par le bien-être de ceux qui travaillent pour eux, l'acquisition des terres n'a pas toujours été faite de la manière la plus régulière qui soit, autant de motifs pour le populiste président de la République bolivarienne du Venezuela, Ugo Chavez, de nationaliser les hatos et de les transformer en kolkhozes sud-américains... À Hato El Piñero, les mesures nécessaires pour empêcher la nationalisation autant que possible ont été prises : création d'une fondation et régularité des titres de propriété ont permis au domaine de rester privé et non nationalisé.

Après une toilette nécessaire et appréciée, nous partons pour notre premier game-drive tour tout en camion, Ibis Isis nous protège !

Les camions offrent une plate-forme pratique pour la bande de photographes que nous sommes. Un double banc central, des ridelles propices au soutien d'un bean-bag ou équivalent, une glacière bien fournie en eau glacée et autres sodas, un système de transmission sophistiqué avec le chauffeur :

. - un coup dans la carrosserie : "Aie la gentillesse d' immobiliser ce noble camion, amigo",
. - deux coups "On s'arrête, Compadre !",
. - trois coups et plus "Stoppe cette p... de ch...te, Maricon !")

L'oiseau emblème du Venezuela nous accueille, j'ai nommé l'oriole troupiale, à la magnifique robe bicolore orange-noir avec juste une touche de gris qui fait distingué sur les ailes, se détachant fièrement sur l'azur du ciel, fleur parmi les fleurs, en train de s'en becqueter une justement, si vous me permettez cet écart poétique.

Nous sommes ramenés de ces hautes hauteurs poétiques dont je suis l'auteur vers l'humble rase-mottes néanmoins ci-devant bouffeuse de lièvre

a- Tortue charbonnière (Geochelone carbonaria) note de CL = vous savez, celle de la page 1, à la Posada el limon ...



puis, dans un jeu de va-et-vient torticoligène vers une aigrette bleue hautement sinon sottement perchée

37- Aigrette bleue (Little Blue Heron) Egretta caerulea