SUJET : Bornéo, des hauts et débats... Sabah comme vous voulez ?

Borneo Rainforest Lodge, lodge de la Danum Valley

A oui Impatient d'en voir le résultat

C'est donc porté par les ailes de l'amour (cf. photo) que nous quittons Kota Kinabalu. Nous passons près du Mount Kinabalu, le plus haut sommet de l'île, qui atteint quand même l'altitude de 4035 m !


Nous pouvons voir de haut les effets de la déforestation au profit des plantations de palmier à huile, seules les hauteurs conservent encore un peu de forêt.



Les ailes de l'amour de la Malaysia Airline nous déposent sur le petit aéroport de Lahad Datu, sans avoir rencontré le moindre missile ou avoir divagué on ne sait trop où

Il fait beau et chaud. Nous passons à l'agence régler le solde du voyage. Le beau temps, eh bien profitons-en vite, car brutalement la pluie se met à tomber avec une intensité rare. La pluviosité dans certains endroits de Bornéo dépasse 4,5 m par an ! Un embouteillage à la sortie de Lahad Datu nous rappelle que la Malaisie est un pays qui a réussi son décollage économique, comme le prouvent les voitures nombreuses et en bon état, les magasins achalandés, les constructions en bon état et proches de nos standards occidentaux. Il pleut des cordes, la route qui traverse les plantations de palmiers à huile est détrempée, déformée et même par endroits défoncée avec des trous remplis d'eau. Un panneau indique le lodge à 77 km...
La forêt préservée d'un côté, la plantation de palmiers de l'autre :



Nous quittons la route pour une piste plutôt en bon état et nous entrons dans la zone protégée :

Le gars de l'affiche, il nous change de nos gardes forestiers ! et nous informe par la même occasion sur la pression exercée par le braconnage.

Oui, tu as raison, Marine, ça fait peur, s'pas ?
Mais je pense que le braconnage "sérieux", qui impose des gardes armés, se limite aux espèces les plus précieuses : éléphants (heureusement, les femelles n'ont le plus souvent pas de défense), panthères, rhinocéros. Le principal danger, c'est la déforestation. Qui a comme conséquence perverse de favoriser l'extension du paludisme, comme rapporté dans Le Monde du 7/11/2014 sous le titre "Un paludisme très dangereux émerge en Asie L'épidémie véhiculée du singe à l'homme par le moustique s'accélère sous l'effet de la déforestation". Cet article fait référence à "la région malaisienne de Bornéo". J'en cite un passage :

La déforestation en Malaisie accélère la propagation du parasite en poussant les singes en l'occurence des macaques à longue queue et à queue de cochon, hors de leur habitat naturel à proximité des villages. Le pays a perdu 14 % de sa surface forestière entre 2000 et 2012,..., pour laisser la place, bien souvent, à des plantations d'huile de palme.

Autant dire que nous ne regrettons pas notre Malarone quotidienne, d'autant plus que le parasite malais Plasmodium knowiesi est réputé plus dangereux que les autres Plasmodium, falciparum et autres.
Heureusement, il est d'autres panneaux qui nous montrent que nous approchons de notre but et qui ont une connotation moins belliqueuse :


Nous touchons au but, à tout de suite, les piafous, tenez-vous prêts (et près), nous arrivons, à nous les joies ornithos de la si réputée Danum Valley !

Enfin, nous arrivons, nous arrivons... Un obstacle plus que symbolique nous attend, une barrière cadenassée.


Notre chauffeur ne s'y attendait pas, qui n'a pas la clef du cadenas, cadenas bien costaud d'ailleurs (je le sais, qu'il est costaud, j'ai essayé en vain de le casser, j'avoue, j'étais plus qu'un peu en rogne).


D'habitude, c'est ouvert, comprenons-nous (notre chauffeur parle l'anglais presque plus mal que moi, incroyable, non ?). Pas moyen de téléphoner, ça ne capte pas... Le lodge est à plus de 5 km, ça monte et ça descend, que faire ?

Heureusement la pluie a cessé, cela nous permet d'admirer la forêt dense et ses arbres majestueux ou élancés ou majestueux et élancés. Et de constater à de menus détails que de menus hôtes de ces bois ont fréquenté l'endroit...


L'Éléphant pygmée fait partie de notre liste de vœux, puissions-nous en voir plus que des traces !
Finalement, après une petite heure d'attente, deux autres véhicules arrivent derrière nous, et leurs chauffeurs, eux, ont la clef. Nous nous expliquerons vivement au lodge et exprimerons toute notre exaspération au manager, qui semble ne pas y accorder de particulière attention...

Bon, arrêtons de râler, le lodge est superbement placé, dans la verdure, près de la rivière, les chambres sont splendides, avec vue sur la susdite riv!ère, avec une terrasse qui semble très propice pour l'observation et la photo...


avec aussi une baignoire king size.

Qui permet de voir que le whale watching peut aussi se pratiquer à l'intérieur des terres.

Alors, que demandez de plus ? Des piafous, je sais, mais ça va forcément venir, non ?

La rivière vue de la chambre :



Après un excellent déjeuner, un buffet richement fourni en currys divers, en plats d'inspiration chinoise, avec des cuisiniers pour préparer steaks ou omelettes diverses selon les goûts de chacun, nous rentrons à la chambre où Catherine prend ses premiers clichés de piafous. Les bananiers plantés devant la terrasse sont en effet occupés par un ballet de jaunes (et gris) piafous qui en butinent les fleurs. Et quoi de plus normal pour un piqueur de fleur ? Car le Dicée à ventre orange est aussi un Flowerpecker.

1 Dicée à ventre orange, Dicaeum trigonostigma, Orange-bellied Flowerpecker



Mais tous les Dicées ne se ressemblent pas, là où certains mettent en avant leur joli ventre orange, d'autres avancent, si j'ose dire, leur beau croupion jaune...

2-3 Dicée à croupion jaune, Prionochilus xanthopygius, Yellow-rumped Flowerpecker






Ce sont évidemment des Messieurs, reconnaissables pas seulement à leur air viril, même si sans moustache, mais à la tache rouge sur le crâne (Madame a une tache orange, mais surtout a le dessus du corps et les ailes d'une délicate couleur vert pistache).

Hahaha, ça y est, les piafous arrivent !
Je savais pas en fait qu'il fallait entrer dans les terres pour voir les baleines... des baleines terrestres ?
Quel temps en tout cas, ça me rappelle des souvenirs...

Quelle baignoire ! jamais vu de chardonneret prendre un bain de la sorte

Passons aux choses sérieuses maintenant !

Le lodge est de toute beauté ! La promenade-passerelle en bois est géniale !
et je comprends le bain / sieste réparateur / trice après ces avions divers, le tohu-bohu des aéroports, les décalages horaires. et bien sympathiques ces petits dicées !

Deux premières espèces qui augure de bien belles rencontres

Très belles endroits en effet Marine

Merci du voyage

Borneo Rainforest Loge est effectivement splendide, Marine. Et la promenade sur la passerelle n'est qu'un maigre avant-goût de ce qui nous attend... Une vue du bungalow avec la chambre de Fabien et la nôtre :


L'après-midi, une balade est prévue en forêt. Il pleut, rainforest oblige, s'pas ? Nous sommes guidés et accompagnés par Lester, plus sympathique que savant en piafou, mais dont l'œil n'est jamais pris en défaut, même par le moindre piafou. Pour autant, la pêche sera maigre, des dicées à croupion déjà vu et... un moineau rupin !

4 Moineau friquet, (pas criquet, ni triquet, ni frisquet, M. l'Automatique Correcteur !), Passer montanus, Tree Sparrow


Ah, aussi un Rhipidure branché... Son nom anglais de Fantail est plus parlant, comme d'habitude, admirez sa belle queue en éventail :

5 Rhipidure pie, Rhipidura javanicaPied Fantail


Ce sympathique (en est-il d'autres ?) piafou est doté d'une bonne adaptabilité qui lui permet de s'accommoder des plantations de palmier à huile.

Nous voyons de loin des singes, des macaques, sans pouvoir les photographier, trop loin, trop de pluie... Rentrés au camp, nous sommes abordés par le manager, qui cette fois se confond en excuse pour notre barrière cadenassée. Apparemment ce matin, il n'avait pas compris l'incident et sa portée (internationale ou presque !), sa durée (insoutenable ! presque une heure, vous vous rendez compte !). Certes entretemps, notre ire est moins pire, mais cela fait quand même plaisir, nous avions été un peu décontenancés ce matin par la quasi-désinvolture qui avait accueilli nos si justifiées récriminations...
Nous sommes trempés comme pain en soupe, direction la chambre. Et là... Là nous trouvons une lettre d'excuse manuscrite accompagnée d'une compensation en liquide... Qui ne nous fait pas pleurer...

Direction le mess, très ordonné et agréable avec sa terrasse donnant sur la rivière (nous n'en saurons pas le nom, c'est un affluent de la Danum River) :


Ce soir, nous avons un safari nocturne, en camion à plateau. Nous sommes une petite dizaine, assis sur des bancs avec coussins (coussins plus qu'humides), et en route ! J'ai pris l'EOS 1 Dx, à cause de sa bonne montée en ISO avec comme objectif le 300 F/2.8 L IS (v.I) à cause de sa grande ouverture. Ce n'est pas le bon choix, car le "gibier" est situé loin en haut des arbres. Et mon Dieu qu'ils sont hauts, les arbres ! La cabine empêche de voir ce qui est sur la route devant le camion. Le phare qui sert à débusquer les biquets est puissant.

Et donc un Chat marbré, vu de très loin ! Je regrette amèrement mon 800, mais bon, je ne ferai pas deux fois la même erreur... Nous sommes ici pour 5 nuits, donc je compte bien me rattraper...


6-7 Chat marbré, Pardofelis marmorata, Marbled Cat statut VU

Mais il n'est pas certain que nous retrouvions le même biquet sur le même arbre. Ou même sur un autre, apparemment c'est un biquet rarement, très rarement vu ici. Et nous n'avons aucun mal à y croire en voyant l'excitation de nos accompagnateurs, Lester et le préposé au phare. Bon, si ce n'est lui, ce sera son frère...

Il est vraiment superbe ce lodge, dans la clairière !

Les premiers animaux laissent bien augurer de la suite. J'aime beaucoup la Dicée à ventre orange