SUJET : Bornéo, des hauts et débats... Sabah comme vous voulez ?

J'aime beaucoup dame coléoptère ainsi que ce dernier souimanga, et naturellement le bel hemiprocné.
Touffeur, moiteur. Dans ces forêts atteintes de gigantisme, toutes les bestioles se planquent dans les frondaisons et les brumes et / ou fuient le soleil. Une biosphère horizontale, verticale, diagonale tentaculaire. Vos frustrations ne me sont pas inconnues, hélas.

Les conditions sont effectivement merdiques, Vincent, c'est le mot, mais bon... Nous sommes en vacances, pas comme Marine qui s'y frotte et les subit tout au long de l'année, la veinarde ! Enfin, si, veinarde quand même un peu...

Nous sortons de la passerelle, qui se termine sous les arbres. Moisson maigre, mais en compensation, dans les arbres, à contrejour et dans l'obscurité, dans une contreplongée que plus que ça, c'est pas possible, ou alors tu décolles illico presto direction les étoiles, un piafou se manifeste. Très discrètement, à tel point que Lester ne l'avait pas vu. Le biquet est plutôt rare, avec un statut NT (quasi-menacé). Donc à 6400 ISO (au 7 D !), un Alcippe brun nous montre la partie non brune de son anatomie :

85-86 Alcippe brun, Alcippe brunneicauda, Brown Fulvetta


Bon, la flore, variée, gigantesque et spectaculaire souvent, magnifique toujours, compense, nous ne nous ennuyons pas, et le moral dépasse largement nos chaussettes censément protectrices des sangsues. En fait, je suis le seul à avoir gardé cet accessoire pédivestimentaire, car Fabien et Catherine ont choisi la liberté des orteils au prix éventuel d'une micro-injection d'héparine par Dame Sangsue... Nous avançons donc, qui avec son 7D emmanché d'un 200-400 et son sac à dos avec bouteille d'eau et autres accessoires de rigueur, dont jumelles Canon x15 IS, qui avec son 7 D agrémenté d'un petit 800 mm, d'un monopode et d'une Wimberley, avec le sac à dos et la bouteille, l'Olympus OMD-1, etc. Heureusement, ça monte (je déteste la facilité), et j'ouvre donc l'avant-garde 20 à 30 mètres derrière le reste de la troupe, crachant mes poumons tout du long ou presque des 3,5 km de la petite balade... SI encore il pleuvait, ça me rafraîchirait, mais même pas... Heureusement, Catherine peut photographier une rare rareté, une feuille rouge. Ouaip, je sais, ce n'est pas parce que cela contient de la chlorophylle que la feuille/phylle est forcément chloro/verte, mais l'on a parfois besoin de se bercer d'illusions...

Feuille rouge

Bernard, j'adore !
Concernant les feuilles rouges, c'est simplement qu'elles sont toutes jeunes et c'est en acquérant un peu de maturité qu'elles verdiront. ( C'est aussi le cas pour les manguiers par exemple qui sortent des feuilles marron/rouge très souples qui progressivement verdissent mais restent pâlotes avant de prendre leur couleur vert foncé caractéristique et leur aspect presque coriace et vernissé.)

A propos des sangsues, j'aimerais avoir votre avis : les Amérindiens de Guyane les craignent (je n'en sais pas plus à ce sujet).
Un jour en m'enfonçant dans un trou boueux de pripri j'en ai retrouvé une vingtaine collée à ma jambe et qui avait eu le temps de se gorger de mon sang (elles avaient facilement quintuplé de volume, je m'en suis aperçue en comparant leur taille à celles de minuscules sangsues collées sur mes chaussettes qui n'avaient pas trouvé l'accès à la trayeuse.) bref, je les décolle (certaines s'étaient regroupées sur un même point) et ne m'y intéresse plus, jusqu'à ce que, le soir -même, ou le lendemain, je ne sais plus, je me fasse piquer les jambes par des moustiques, précisément dans la zone où les sangsues avaient attaqué. Ces piqûres m'ont fait très très mal, à tel point que je doutais qu'il s'agisse de moustiques, je pensais à des punaises ou autre chose, et pourtant, j'avais bien tué ces moustiques. Les piqûres se sont transformées en petits nodules indurés qui ne se sont résorbés qu'au bout d'une dizaine de jours.
Savez-vous à quoi c'est dû et pourquoi de bêtes piqûres de moustiques ont pu me faire souffrir autant ?
Désolée de polluer votre carnet mais l'affaire m'intrigue vraiment !

Je n'ai pas d'info sur ce genre de phénomène. Mais les nodules indurés me rappellent les réactions que font parfois les chiens après qu'on a retiré une tique, même dans les règles. Ces nodules se forment en général dans les 24-48 heures et peuvent persister 2 ou 3 semaines.
À Bornéo, les guides ne prennent pas de précautions particulières. Je pense qu'en enlevant les sangsues, tu as probablement libéré dans les orifices qu'elles avaient forés des allergènes (propres à la sangsue ou microbiens) qui, avec l'héparine excrétée par les bestioles, ont fait le lit d'une réaction allergique. Je crois que les nodules sont directement liés aux sangsues, et que les moustiques ont servi de déclencheur.
C'est curieux que tu ne signales pas de saignement, car quand Fabien a enlevé la sangsue de belle taille qui ornait sa poitrine, la plaie a saigné pendant un bon moment !
Sinon, nous avons vu des sangsues, notamment sur les branches et les troncs des arbres, se tendre désespérément vers nous (je suppose qu'elles nous détectent par la chaleur ou le mouvement ?) mais à part une dans ma chaussure, que j'ai éjectée avant qu'elle ne réussisse à traverser ma chaussette, et celle de Fabien, nous n'avons pas eu de problème.

Quelques photos de panneaux dans le lodge. Ceux-ci sont exposés dans un endroit sombre et orientés légèrement vers les spots pour qu'on puisse mieux les lire


la partie de texte qui manque



Concernant la Sangsue de Kinabalu (cf 1er texte sur les différentes espèces) j'ai trouvé ceci dans Futura-Sciences ...

J'aime quand même bien la délicatesse de la sangsue qui t'injecte en plus un peu anesthésiant pour te faire moins mal quand elle te pique. Pour ma part, je ne sais pas si j'aurais résisté à la pluie longue et quotidienne. Sinon, il n'est pas si modeste que çà ton Souimanga 84.

Merci Catherine ! c'est exactement ce qui a dû se passer ! La douleur aiguë devait en effet être le fait des sangsues. Je serai vigilante à l'avenir et prendrai soin de désinfecter convenablement au moment de les retirer. Je m'en étais rendu compte au moment de retirer mes bottes pour remonter dans la voiture et je les ai décollées avec mes mains -sales.

Globalement, nous avons été épargnés par les sangsues (et par les moustiques à Danum Valley, après...). Et puis il n'y a pas de tsé-tsé, donc un paradis ! À quelques menues précipitations près... Notre piafounet suivant est une récente vieille connaissance, un mignon tout plein Eurylaime à capuchon :

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Les piafous visibles sont rares, mais la nature nous offre d'autres beautés, voyez les photos :


(je précise, comme la première photo, celle où j'apparais, pourrait induire en erreur, je ne me compte pas parmi les susdites beautés de la nature... Ma légendaire modestie, sur laquelle il n'est pas besoin que je m'étende plus, en souffrirait de trop).

Nous trouvons au bord de la piste de belles pseudo-tulipes (?). Leur nature et leur nom sont soumises à votre perspicacité jamais en défaut.


Catherine s'exclame "Oh, un rapace !" " C'est un Serpentaire bacha" diagnostique Lester :

88-89 Aigle à ventre roux, Lophotriorchis kienerii, Rufous-bellied Hawk-Eagle

En fait, Lester avait simplement anticipé de vingt minutes, puisque regardez :

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Nous rentrons au lodge, dans la chambre je vais voir si notre coléoptère fétichiste de la chaussette est encore sur la terrasse, s'il se porte bien, s'il a troué ma chaussette, enfin, tout ce genre de choses... Surprise, il est bien là, mais plus la chaussette. Il ne peut l'avoir mangé, il aurait sans aucun doute le ventre gonflé, ce qui n'est pas le cas. Jugez-en :

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Nous la retrouverons (la chaussette) soigneusement pliée près du lavabo dans la salle de bain. Je pense ne pas me tromper en attribuant cette prévenance à un membre du personnel de nettoyage plutôt qu'à notre coléoptère, aussi soigneuse puisse-t-elle être (Romain nous a orienté vers une Dame Coléoptère).

Pfiouuuuu, heh ! J'arrive pas à suivre moi Nanard !
En tout cas, c'est un carnet carrément dément ! Tous ces oiseaux sont splendides sous l'effet brumeux et pluvieux que la forêt émane, ce qui rend aussi les photos pas faciles à prendre je suppose ! Les coléoptères sont bien sympathiques également, mais je retiens surtout une photo parmi toutes ces belles, l'Eucylaime à capuchon ! !!!! La dernière est ! J'adore ce style d'oiseau, il me fais un peu penser à l'Eurycère de Prévost à Madagascar que je n'ai jamais réussi à trouver...
Bien, j'espère que c'est loin d'être fini, hein ? Les 30 pages nous on veut !
Amitiés

Bernard, chef d'oeuvre de la nature ET monument de culture !
En revanche, les tulipes n'en sont pas, il devrait plutôt s'agir d'inflorescences de philodendron (bien déployées, les fleurs ressemblent à des fleurs d'arum - normal, me direz-vous, pour des Aracées !).

Ma légendaire modestie seule m'empêche de gonfler d'orgueil ma personne et mes chevilles, merci, merci !

Adoncques nous vîmes de notre terrasse un papillon de la famille des papillons, et plus si affinités (vos affinités), qui accepta de rester calme devant l'objectif de ma blonde

93 Papillon X qui attend son nom et sa famille = Cruiser - Vindula dejone - Nymphalidae Merci Vincent



Pendant le repas, nous nous déplaçons car des singes sont repérés, une bonne occasion de photo même si ce n'est pas absolument de la photo ornitho... À défaut d'orang-outans ou de gibbons (nous ne verrons pas les premiers et ne ferons qu'entendre les seconds), ce sont de plus petits biquets primates qui nous feront l'honneur de poser pour nous. Mais assez loin, faut ce qu'il faut, et point trop n'en faut, s'pas ? Il s'agit d'un endémique de Bornéo, le Semnopithèque rubicond (ou Langur roux), plusieurs biquets sont dans les grands arbres qui bordent la rivière :

94-95 Semnopithèque rubicond, Presbytis rubicunda, Red Leaf Monkey

Son statut IUCN est LC (Least Concern), rassurant, si les informations sont bonnes. Je vois pourtant difficilement ce biquet trouver son bonheur dans les plantations de palmiers à huile. Mais espérons, espérons... Et profitons d'un show rien que pour nous :

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Belle fourrure et belle queue, non ? Et une frimousse bien agréable, ma foi. Nous quittons les biquets pour continuer notre repas, mais nous sommes de nouveau dérangés.

Des cimes nous descendons au sol, pour un autre biquet à longue queue, si longue que nous sommes obligés de lui couper. Virtuellement, que l'on se rassure ! Langue fourchue mais pas de malice, j'en suis sûr dans ce gros, vraiment gros, lézard, que nous avions déjà rencontré à Bali. Il est assez ubiquiste en Asie. Et là il passe au pied de la terrasse sur laquelle nous déjeunons. Il est assez petit, une soixantaine de centimètres.

100-101-102Varan malais, Varanus salvator, Water Monitor



Il est parfois appelé Varan à deux bandes, je ne pense pas que cela soit dû à une habileté particulière au billard, mais je peux me tromper, hein ?

EDIT : ma blonde n'apprécie pas la frimousse des Semnopithèques qu'elle trouve par ailleurs plus rouquins que rubiconds... Mais de toute façon elle n'est pas très portée sur les primates (le premier qui dit qu'elle a fait au moins une exception, c'est simple, je ne lui parle plus...).