SUJET : Super "split" des girafes !

Outch, ça va se compliquer pour les Wilipiens / Wilipiennes oeuvrant sur le continent africain.

Délice de l'évolution de la taxonomie , il va falloir peut être désormais compter sur, non une, mais quatre espèces de girafes !

• Girafe du Nord
• Girafe réticulée
• Girafe masaï
• Girafe de Nubie

Note de conservation : seule la Girafe de Nubie voit ses effectifs progresser, les autres sont en régression grave depuis ces 20 dernières années.

Source : Clémentine Thiberge, Découverte de quatre nouvelles espèces de girafe en Afrique , LE MONDE, 8/9/2016

NB : Notez que le terme de "découverte" n'est pas approprié, on devrait plutôt parler de "description" d'espèces nouvelles pour la science.

Merci pour l'info!

NB : Notez que le terme de "découverte" n'est pas approprié, on devrait plutôt parler de "description" d'espèces nouvelles pour la science.

Le grand dada des journalistes... Ca m'enerve a cahque fois qu'ils font ca

Merci Olivier pour l'info. Une difficulté de plus pour l'identification... Il y avait au moins 7 sous-espèces reconnues, et la plupart se ressemblent beaucoup. Seule la réticulée est bien différente avec son "dallage" avec des joints blancs bien fins et bien réguliers.
En Afrique australe, il y aurait deux sous-espèces mais je n'ai jamais vraiment pu les distinguer uniquement d'après leur pelage.
Dommage que l'article ne dise pas quelles anciennes sous-espèces sont rassemblées au sein des nouvelles espèces et quelle est leur aire de répartition.
Il me semblait qu'un des critères pour déterminer si deux individus étaient d'espèces différentes était que leur rejeton était infertile ? c'est probablement plus subtil ou plus artificiel

Je pense qu'il existe parfois (souvent ?) toute une zone "grise" pleine d'intermédiaires entre espèce proches. Il y a des cas où les espèces restent proches et où la repro peut donner des individus fertiles, par exemple, Aigle criard et pomarin. Et même chez nous, Homo neandertalensis et sapiens sont considérés comme des espèces distinctes, mais neandertalensis a tout de même pu transmettre des gènes aux populations eurasiennes de sapiens. Donc il y a eu des hybrides fertiles. La nature a plus de nuances que nos classifications, et à regarder de près avec rigueur, nos mots perdent souvent leur sens. Ça me rappelle la différence, en astronomie, entre étoile et planète. Là aussi, les intermédiaires inclassables existent (les naines brunes) et il n'y a en fait pas de définition scientifique rigoureuse et objective du mot "planète", mot qui ne désigne pas d'objet astrophysique clairement identifié...

Avec les fauvettes et pouillots, il existe aussi de bonnes embrouilles taxonomiques .

Nous on essaie d'identifier dans la nature des espèces sur des critères dits phénotypiques (aspect physique) mais les espèces nouvellement décrites par la science le sont souvent sur des bases moléculaires (gènes).

Pour corser le tout, j'ai lu un article de la revue Ornithos disant que chez les Pouillots "sibériens" (sous-espèce de Pouillot véloce) l'aspect phénotypique ne correspond pas toujours au mêmes génotype (ADN).

Pour corser le tout, j'ai lu un article de la revue Ornithos disant que chez les Pouillots "sibériens" (sous-espèce de Pouillot véloce) l'aspect phénotypique ne correspond pas toujours au mêmes génotype (ADN).

Dommage que l'article ne dise pas quelles anciennes sous-espèces sont rassemblées au sein des nouvelles espèces et quelle est leur aire de répartition.

Les 4 espèces et leurs répartitions

ICI

La définition surannée que l'on m'a enseignée de l'espèce était :
"ensemble d'individus qui se ressemblent entre eux plus qu'à tout autre individu d'une autre espèce et indéfiniment interféconds"
Depuis, l'ADN, la cladistique ont brouillé cette trop simpliste définition, souvent prise en défaut, notamment sur la reproduction. Cochon domestique Sus scrofa domesticus et le Sanglier Sus scrofa scrofa, qui n'ont pas le même nombre de chromosomes sont indéfiniment interféconds et n'appartiennent pas à la même espèce, n'en déplaise à Linné. Idem pour le Lion et le Tigre qui peuvent s'ébattre de manière fertile...

Et encore merci à Olivier qui nous apporte des éclaircissements bien nécessaires avec son fil dédié "Taxonomie, la grande valse des espèces, sous-espèces, etc." .

éclaircissements

Est ce le terme réellement approprié

Sérieusement merci beaucoup mais que c'est compliqué et est-ce que cela a vraiment un sens au moment où toutes ces espèces sont en danger de disparition ???

Oui, Vincent, cela a un sens. Et même plusieurs.
Pour nos biquets déjà, l'on protège mieux ce que l'on connaît bien.
Lutter contre le simplisme, le caricatural, le manichéisme, montrer la complexité des choses, expliquer ce qu'est une vraie démarche scientifique, je pense, incurable optimiste, que cela peut permettre de développer un esprit critique qui serait bien utile de nos jours.
Ensuite pour nous, frères humains, expliquer que les espèces existent, ce qu'elles sont, pourfendre l'idée qu'il existe des races humaines, montrer que nous sommes tous des métis (Neandertal+ sapiens) peut, à mes yeux d'incurable optimiste, contribuer à lutter contre le racisme.

est-ce que cela a vraiment un sens au moment où toutes ces espèces sont en danger de disparition ???

Oui, et puis ça fait écrire des c...ies aux journalistes comme le souligne Nico, mais ce sont peut-être des c...ies utiles, puisqu'elles font du "buzz" dans la presse généraliste. Et puis on peut toujours espérer que les articles écrits à ces occasions parlent aussi de la fragilité de la nature...

Vincent écrit: Sérieusement merci beaucoup mais que c'est compliqué et est-ce que cela a vraiment un sens au moment où toutes ces espèces sont en danger de disparition ???

Je pense que l'intérêt pour le monde vivant passe par son étude sur le terrain, mais aussi par les tentatives de compréhension de son fonctionnement et de ses multiples interactions. L'un de ces deux aspects nourrit l'autre.

La préservation des espèces, milieux et écosystèmes dépasse, elle, de loin le monde naturaliste et scientifique. C'est une question de société et de sa capacité à saisir les grands enjeux de notre époques. Et les plus vitaux sont environnementaux : changement climatique, 6e extinction des espèces, déplétion des ressources (énergie, matières premières), tout va changer (et change déjà) très vite.

Malheureusement, aujourd'hui, le défi écologique, qui est aussi un défi humain, le plus grand de tous, est totalement absent des débats et préoccupations. C'est à la société dans son ensemble de s'en emparer.

Les naturalistes doivent continuer leur travail d'explication de la nature, ce qui ne ne nuit pas à l'émerveillement qu'elle suscite, et même y contribue. En tant que citoyens, ils doivent contribuer aux côtés d'autres à un juste renversement souhaitable des choses afin que les vrais enjeux soient enfin admis et réellement pris en compte.

Olivier,
tu as parfaitement exprimé ce que je pense aussi.

Bernard écrit: nous sommes tous des métis (Neandertal+ sapiens)

Paraît-il que non. Nos ancêtres Sapiens qui n'ont pas quitté l'Afrique ne se sont pas mélangés aux Neandertal et sont restés de purs Sapiens. D'où quelques différences dans notre patrimoine génétique.

Salut Dietmar,

D'après mes lectures, en effet, seuls les Sapiens sortis d'Afrique se sont métissés avec Néandertal. Mais il y a "mieux" en quelques sortes : certaines populations d'Asie et celles du Pacifique se sont en plus métissées avec l'Homme de Dénisova, espèce encore mal connue cousine de Néandertal...