SUJET : Les zones humides de La Garde, dans le Var

Heureux les ornithos stricto sensu qui ont les yeux toujours tournés vers le ciel, quoique, en fait, entre nous, il faut aussi savoir scanner les buissons et les herbes. Moi, les bestioles, ça me titille, et mes yeux doivent donc aussi viser le sol et "toper" tout ce qui cavale sous mes pas et ce qui, plus difficile à percevoir, est juché, en embuscade, sur la végétation. En fonction du lieu, de la saison, de l'heure et de l'humeur, j'oriente le regard.

Ah ! Une petite chose centimétrique détale devant mes imposantes chaussures. Probablement un des criquets aperçu plus tôt. Je m'approche du sol, sapristi, c'est une mante d'une taille < 2 cm. Elle saute ! Tiens, Je ne savais pas que les mantes pouvaient bondir. OK, il est temps de poser le sac, de visser le 100mm macro sur le boîtier et de s'allonger dans les herbes en prenant garde de na pas mettre à mal une potentielle toile d'Argiope qui pourrait bien avoir été tissée par là.




Photos prises ce jour juste après un petit orage assez étrange, ça tonne sévère par moment, mais très peu de pluie (juste 1/4 d'heure bien dense), puis des éclairs silencieux dans un lointain coin de ciel bleu-gris.

Toujours aussi intéressantes tes explications et précisions naturalistes. Et les magnifiques photos qui les illustrent

Magnifiques ces dernières photos ajoutées à ton fil qui ne cessent de grossir en qualité de photos et de textes, chapeau bas

Comme d'hab, je me régale de l'ensemble !

Petite question Olivier, est-ce que les gros incendies criminels des jours derniers ont touché les espaces naturels que tu fréquentes et que tu nous présentes ? J'ai cru comprendre qu'un espace géré par la LPO avait été fortement touché...

Salut Vincent,

Non ce ne sont pas les zones que je prospecte en ce moment qui ont été touchées, ces dernières sont situées dans les Bouches-du-Rhône. Tu parles sûrement du plateau de Vitrolles : L'incendie du plateau de Vitrolles a réduit en cendre une biodiversité exceptionnelle , LPO-PACA, 11/8/2016.

Le plateau de Vitrolles accueillait une faune et une flore remarquable jusqu'au départ de l'incendie qui s'est déclenché le 10 août 2016 à partir de la commune de Rognac. Cet incendie aura détruit toute la mosaïque de milieux naturels sur plus d'un millier d'hectares.

La LPO PACA y mène des suivis écologiques depuis les années 1990 grâce auxquels ont été recensés un nombre important d’espèces florales patrimoniales dont des cistacées et des orchidées ; pas moins de 107 espèces d’oiseaux dont des espèces à fort enjeu de conservation telles que l’Aigle de Bonelli, le Grand-duc d'Europe, la Pie-grièche méridionale ou encore le Guêpier d’Europe ; 5 espèces d’amphibiens dont le Pélodyte ponctué et le Crapaud calamite ; 8 espèces de reptiles dont le Lézard ocellé et le Psammodrome d'Edwards; 46 espèces de papillons diurnes dont la Proserpine, 28 espèces de libellules et demoiselles, 6 espèces de mammifères non volants et 7 espèces de chauves-souris dont le Molosse de Cestoni.

En plus des observations régulières de la faune, des actions de conservation en faveur des reptiles et des amphibiens avaient été réalisées avec succès récemment.

Enfin, plusieurs sites ont bénéficié de l'agrément Refuges LPO sur le plateau (Centre équestre, Parc de Magenta, etc.). Ces aménagements sont malheureusement aujourd’hui tous détruits.

Que faire maintenant ?

Cet incendie aura probablement le mérite de faire prendre conscience que les espaces naturels sont très sensibles à la sécheresse tout particulièrement aux portes des agglomérations et qu'ils nécessitent une attention permanente. Un classement de protection du plateau permettrait de mettre en place une réhabilitation écologique ambitieuse et pérenne. Les habitants de Vitrolles pourront compter sur nous pour restaurer ce patrimoine écologique.

Je reste prudent sur l'origine criminelle (~ 40% des incendies tout de même, cf article du Monde ci-dessous) souvent évoquée avant même que les enquêtes n'aient commencé. Il y a avant tout un gros problème d'aménagement du territoire : zones résidentielles, habitat dispersé, zones d'activité et commerciales. Le terme même d'aménagement est, de mon point de vue, complètement inapproprié devant ce que je vois comme un chaos territorial.

• Cf cet article du Monde.fr : L’interface « habitat-forêt », une zone à risque pour les incendies , LE MONDE | 11.08.2016 | Par Rémi Barroux

Il y a aussi le problème majeur du changement climatique, que les responsables politiques ont décidé de ne pas prendre en compte ces dernières décennies (triomphe de l'idéologie de l'économie comme seule réalité), les sécheresses et incendies seront de plus en plus nombreux à l'avenir.

Reste aussi l'imbécillité ordinaire, et je vois encore des mégots écrasés au sol dans des endroits complètement secs et on voit toujours des gens jeter leur mégot mal éteint (voire pas du tout) de leur voiture...

Un fil grandiose et extraordinaire. La précisions scientifiques, les explications, les images superbes et variées. On a bien de la chance de t'avoir sur Wilipi Merci !

Un grand merci Olivier pour ce fil passionnant .

En ce mois d'août les chaleurs sont bien là, je dois donc adapter mes sorties pour éviter les heures trop chaudes. Les deux principaux étangs ont baissé de niveau mais restent pas mal en eau, seul un plan d'eau de taille plus modeste est complètement à sec. Le petit étang ci-dessous a perdu pas mal de flotte mais il est un des plus intéressants, car un peu à l'écart. Avec l'ami naturaliste avec qui je prospecte souvent le secteur, nous avons pu y observer récemment Échasse blanche, Chevalier sylvain, Sarcelle d'été, Bécassine des marais,

En juin j'avais posté une photo d'un mâle de Leste verdoyant (Lestes virens), voici maintenant une femelle de la même espèce. Je peux préciser la sous-espèce, il s'agit de Leste verdoyant méridonal (Lestes virens virens).



Il faut rester prudent quant à l'identification de cette espèce car la confusion est possible, pour la femelle, avec un Leste barbare (Lestes barbarus). C'est là que l'ouvrage de référence des éditions Biotope se démarque et permet de débloquer la situation

Août, dans les zones humides, ça bouge chez les piafs, les mouvements post-nuptiaux sont perceptibles, avec notamment le retour des Chevaliers sylvains et la variété des limicoles qui s'améliorer peu à peu, Et un trio de Petits gravelots qui stationne depuis environ deux semaines, un ! Chez les canards, une observation toute fraiche, avec un Mâle de fuligule miloin, 1ère mention pour le site. Mais pas de photo présentable de ces espèces car je n'ai pas la possibilité de poser un affût tranquille ni la grande focale qui va avec. J'observe aux jumelles, je note, je prends des photos-témoins et je concentre les efforts photos plus élaborées sur la proxi-macro.

Voici un Vulcain pas très répandu sur le site contrairement à sa cousine Belle-Dame, très présente en ce moment (j'en croise par dizaines).

Une structure de 2,5 cm de long sur une barrière en bois attire mon attention, tiens-tiens, intéressant

Super chouette ton fil ! et toujours très détaillé .
Étonnante cette structure organique sur bois : une peau de ???? serpent ?

Salut Marco

Peau de serpent ?

Nous n'y sommes pas du tout

lâchons nous !!
1/peau de patte zozios