SUJET : Perdu au milieu de l'Océan

C’est un petit pays de seulement 455 km² et 90.000 habitants, composé quand même de 115 îles dont une trentaine sont habitées : les Seychelles. Des îles granitiques, regroupées autour de l’île principale, et faciles d’accès (voir carte) et des îles coralliennes, plus lointaines et avec des liaisons beaucoup plus irrégulières.



On pense d’abord aux plages de sable fin et aux eaux turquoises, mais ce n’est pas que ça :



C’est aussi un petit paradis pour ornithologue. L’éloignement et l’isolement font qu’il n’y a pas tant d’espèces sur l’archipel (environ 150, sans compter les pélagiques et les occasionnels) mais une proportion importante d’entre elles sont endémiques (une vingtaine). C’est dans un environnement fragile comme celui-là qu’on se rend compte des dégâts que l’arrivée de l’homme (au XVIème siècle) a causés. L’environnement des îles a été bouleversé (déboisement, exploitation du guano, introduction de bétail et de prédateurs) et beaucoup d’espèces ont disparu.

Tout n’est pourtant pas désespéré. Des efforts importants de conservations ont été entrepris par le colonisateur anglais à partir des années 60 et ont été poursuivis après l’indépendance en 1976. Des espèces ont pu être sauvées d’une extinction presque certaine. Et c’est aux Seychelles que (sur)vit la seule espèce d’oiseau aptère de l’Océan indien à ne pas avoir été exterminée par l’homme : le râle de Cuvier, sur l’atoll d’Aldabra, le plus vaste du monde.

Nous passons nos premiers jours à Mahé, l’île principale. Objectif : plage et repos (c’est la première fois depuis plus d’un an que je prends 15 jours de vacances d’affilée). On est sur une des plus longue plage de l'île mais sa fréquentation reste modérée.

Plage de Beau Vallon.


Au fond, l'Île Silhouette (où il y a la plus grande population de Crécerelles des Seychelles, mais nous n'irons pas)


Il y a quand même quelques oiseaux, directement sur la plage, qui viennent surtout pour picorer ce que les baigneurs auraient laissé tomber de leurs sandwiches.

1. Pigeon de Madagascar (Nesoenas picturata)

2-3. Géopélie zébrée (Geopelia striata) - introduit




4-5. Martin triste (Acridotheres tristis) - introduit

Le soir, quand le soleil disparaît et que partent les baigneurs, d'autres oiseaux arrivent pour arpenter la plage à la recherche de leur nourriture :

6. Tournepierre à collier (Arenaria interpres)


7. Bécasseau minute (Calidris minuta)



On reverra les Tourenpierres le lendemain matin, avant l'arrivée de la plupart des touristes, dans de bien meilleures conditions de lumière. Mais même en pleine journée, il arrive d'apercevoir ces oiseaux au niveau de la laisse de mer.

8-9. Tournepierre à collier (Arenaria interpres)

L'oiseau emblématique des Seychelles, que l'on voit voler au dessus de la mer et se perche haut dans les grands arbres bordant la plage :

10. Gygis blanche (Gygis alba)

Encore, encore, encore de ces paysages suffocants de beauté !
J'aime beaucoup les attitudes que tu as captées du martin triste.
Quelle exquise créature que la gygis blanche !
Quant aux tournepierres, ils sont vraiment partout, y compris là où l'on s'y attend le moins ! Je félicite ces individus qui ont préféré les Seychelles à la Guyane, hé hé !
Je suis très intriguée par ce que tu nous réserves encore...

Merci Marine,
oui je promets de continuer à mettre quelques photos de paysage.

En attendant, voici quelques oiseaux aperçus dans le jardin de l'hôtel où nous étions, dans un zone très arborée, pas très loin de la plage.

11-12. Foudi rouge (Foudia madagascariensis) - introduit. Certains individus sont plus rouges que d'autres. Je ne sais pas si c'est une différence "personnelle" ou si c'est parce qu'ils commencent à muer vers leur plumage internuptial.




Et ce que je prenais au début pour un Foudi des Seychelles, trop content de voir un endémique, est en fait un Foudi rouge femelle.

13. Foudi rouge (Foudia madagascariensis) - introduit

Mais des endémiques, j'en verrai quand même. Comme ce Founingo, aperçu au petit déjeuner, je me précipite sur mon appareil puis monte sur un des jardins en palier pour m'approcher, mais malheureusement plus en contrejour. Il n'est pas vraiment peureux et dévore une grosse baie avant de s'envoler.

14-16. Founingo rougecap (Alectroenas pulcherrimus) - endémique

Ou comme ce Souimanga, très commun. Le mâle a des plumes brillantes sous la gorge, pas toujours faciles à mettre en évidence. Sur la dernière, trop gourmand, il n'arrive pas à se débarrasser d'une boule de nectar collée sur son bec.

17-20. Souimanga des Seychelles (Cinnyris dussumieri) - endémique

On revoit un Martin triste, qui sont très nombreux et très bruyants sur l'île. Leur introduction volontaire, à partir d'Asie, n'aurait pas eu de conséquences négatives sur les autres oiseaux car ils ne seraient pas en compétition.

21. Martin triste (Acridotheres tristis) - introduit


Dès la fin de l'après-midi, bien avant le coucher du soleil, les Roussettes commencent à s'élancer dans le ciel. Elles sont également très bruyantes. quand elles s'y mettent avec les Martins, c'est un véritable vacarme ! Elle est aussi présente aux Comores, mais certains considèrent qu'il s'agit d'une espèce distincte.

22. Roussette des Seychelles (Pteropus seychellensis) - endémique

On finit notre séjour à Mahé par une excursion en bateau sur quelques petites îles voisines, notamment Thérèse, où on verra des hérons cendrés et striés, des noddis, mais surtout beaucoup de chats... On fait aussi pas mal de snorkelling dans des criques vierges et accessibles uniquement par bateau. On est pas loin de l'Equateur, il fait chaud et assez humide (la chaleur ressentie est bien plus élevée que la chaleur réelle) et la "fraîcheur" de l'eau (dans les 25°C) est bienvenue. On voit plein de poissons, dont des raies, mais je n'ai pas de matériel adapté et il n'y a donc pas de photos sous-marines. Il faudra que j'y retourne ! En compensation, une photo de l'endroit paradisiaque.

Ce pigeon rougecap est une merveille d'oiseau ! Y a-t-il un dimorphisme sexuel sur cette espèce ?
J'aime beaucoup la photo du souimanga aux pattes serrant la tige d'une fleur de bougainvillier.
Je trouve que les roussettes sont de loin les plus sympathiques de toutes les chauves-souris : de grands yeux expressifs et un vrai museau, elles n'ont rien des faciès grimaçants de leurs petites cousines. Cette photo avec toute la voilure déployée démontre leur fantastique adaptation aérienne.
Enfin ce paysage au chaos granitique... J'en rêve depuis toute toute petite !

Merci pour l'enchantement !

Merci Marine.
Non, il n'y a pas de dimorphisme marqué chez le Founingo : la femelle est un peu plus petite et elle a parfois les caroncules moins développés mais il n'y a pas moyen de reconnaître le sexe d'un animal isolé.

Notre deuxième étape est l'île de Praslin, situé à environ 50 km au nord de Mahé, à une heure de ferry. Avec ses petites îles alentours, elle se révélera beaucoup plus intéressante au niveau nature.

Nous visitons d'abord la Vallé de Mai, une réserve créée en 1966, destinée à protéger la plus grande forêt existante de Coco de mer (Lodoicea maldivica). Contrairement à ce que son nom latin peut laisser penser, cette espèce de cocotier est endémique aux Seychelles. Il a été nommé maldivica car ses noix de coco ont été découvertes pour la première fois sur des plages des Maldives, apportées par les courants, avant l'arrivée de l'homme aux Seychelles. On pensait alors que ce cocotier poussait sous la mer, d'où son nom en français. La noix peut peser jusqu'à 15 kg. On l'appelle aussi coco-fesse en kreol seselwa à cause de la forme très suggestive de la noix, rappelant l'anatomie féminine. L'expression "cucul la prasline" viendrait aussi de cette noix ! L'inflorescence mâle n'est pas non plus exempte de toute ressemblance...

La maturation des graines (7 ans) est très lente, ce qui ne permettait pas à l'arbre de se régénérer face aux prélèvements effectués par l'homme. L'espèce est désormais protégée et l'exportation des noix est contrôlée (avec certificat etc...)

23-24. Coco de mer (Lodoicea maldivica) - endémique - en danger. D'abord des noix, encore dans leur cosse, sur un arbre femelle, puis l'inflorescence mâle.

Plusieurs espèces de Geckos vivent sur cette plante et se nourrissent de ses fleurs et des insectes qu'ils y trouvent.

25. Phelsuma sundbergi (Seychelles Giant Day Gecko en anglais) - endémique


26-28. Ailuronyx trachygaster (Giant Bronze Gecko en anglais) - endémique - vulnérable

Au sol, d'autres Squamates, comme celui-ci, assez commun :

29-30. Scinque des Seychelles (Mabuya seychellensis ou Trachylepis seychellensis) - endémique