C'est bien là où je voulais en venir Bernard
II. UNE SCIENCE EN PERPÉTUELLE ÉVOLUTION
L'approche phylogénétique et les avancées de la génétique ont beaucoup changé les choses en matière de classification et de dénomination des groupes et espèces ces dernières décennies. Des termes comme "poissons", "reptiles", "invertébrés", ne désignent plus des groupes zoologiques cohérents. Par exemple, nous savons maintenant que l'ancêtre commun des "reptiles" est aussi celui des oiseaux, et que ces derniers sont des dinosaures contemporains issus en droite ligne de la famille des Tyrannosaures (théropodes). En toute rigueur, si l'on veut toujours utiliser le mot "reptile", il faut considérer que les oiseaux sont aussi des reptiles. Pour désigner les dinosaures au sens ancien du terme, on lit souvent maintenant dans la littérature de vulgarisation scientifique le terme "
dinosaure non-avien". C'est à dire, "dinosaure qui n'est pas un oiseau".
Du "split" des espèces
Depuis des années, il y a un mouvement de "split" des espèces. La génétique pousse dans un certain nombre de cas à décrire plusieurs espèces différentes là où on n'en connaissait qu'une. Les différences moléculaires (ADN) argumentant en faveur de plusieurs espèces différentes pouvant ne pas avoir d'impact sur l'aspect physique et l'apparence de l'espèce (le phénotype) que nous pouvons observer. On pourrait alors parler d'"
espèces phénotypiques", celles que nous identifions dans la nature avec guides d'identification et critères observables, et d''
espèces génotypiques" décrites par la recherche sur base d'études des ADN.
Le sujet revient régulièrement dans les revues de vulgarisation scientifique mais aussi dans une revue d'ornithologie de terrain comme
Ornithos. En effet, chez certaines espèces, comme le
Pouillot véloce, plusieurs sous-espèces sont reconnues. Et ça peut être assez compliqué de savoir à qui on a affaire, surtout en période de migration comme maintenant, où on peut rencontrer des oiseaux de passage et parfois des surprises, comme le
Pouillot de Sibérie. Ce dernier semble avoir un cri typique et un plumage plutôt grisâtre, mais sans connaître et avoir entendu le cri, on ne peut être sûr de rien... Il est bien possible, comme l'écrit
Ornithos, que dans l'avenir le Pouillot véloce soit séparé en plusieurs espèces.
L'affaire est assez coriace, je pense, parce que, dans la nature, tous les dégradés existent au niveau infra-spécifique (sous-groupes d'une même espèce) et au niveau des espèces proches qui peuvent encore s'hybrider et avoir des descendants fertiles. C'est là que c'est le plus confus, quand le processus de spéciation (émergence de nouvelles espèces) est en cours ou quand il est récent (du point de vue du temps de l'évolution).